Les temps actuels nous apportent notre lot de problématiques liées à la prolifération de certaines espèces animales, tel le sanglier ou encore le frelon asiatique qui, chaque année, étendent leur territoire. Ce phénomène n’est toutefois pas nouveau et nos ancêtres ont dû faire face à de telles « calamités » dans le passé. En consultant des archives locales du 19e siècle et en particulier les registres de délibérations communales de Bourron-Marlotte1, nous avons ainsi pu identifier certains de ces problèmes et découvrir les solutions mises en œuvre, à l’époque, pour y remédier.
Les lapins et lièvres

Déjà en 1849, les propriétaires des terrains situés près de la palissade récemment construite au Long Rocher se plaignent de son insuffisance pour les garantir des ravages des lapins et demandent qu’elle soit remplacée par un mur. L’administration des forêts consent à construire ce mur, aux conditions que la commune 1) se charge de faire faire les 3000 coins nécessaires à cette construction et les transporte à ses frais à pied d’œuvre ; 2) fasse faire les fouilles des terrains où se trouve la terre rouge et la transporte aussi à ses frais au pied du mur susmentionné ; et 3) coupe dans les endroits les plus rapprochés la quantité de bottes de bruyère suffisante pour couvrir ce mur, et les transporte à pied d’œuvre.
De son côté, l’administration des forêts s’engage à faire tous les frais de construction du dit mur et de sa couverture en bruyère et toutes les dépenses qu’exigera son entretien. Elle autorisera la Commune à couper une quantité de bottes de bruyère qui sera le double de celle nécessaire pour ladite couverture, afin que ses ouvriers soient payés en nature et n’aient rien à demander pour le prix de leur journée et pour le transport de la susdite bruyère à pied d’œuvre.
Le Conseil, après avoir mûrement examiné ce projet, en accepte les conditions et vote la somme de 2000 francs.
Les grands fauves
Au fil des années, ce problème d’incursions de nuisibles se poursuit et inclut les grands mammifères qui habitaient déjà la forêt en grand nombre, objets des chasses royales ou impériales, et alors désignés comme étant les grands fauves de la forêt. Ces chevreuils, cerfs et sangliers avaient déjà la fâcheuse habitude de sortir de leur milieu forestier, en quête de nourriture dans les parties agricoles du village de Bourron et de son hameau de Marlotte.
En 1894, le conseil municipal de la commune décide de résoudre ce problème récurrent avec un entourage entre la forêt et le territoire de Bourron sur une longueur de 1500 mètres : Le Maire expose au Conseil que les récoltes sont constamment ravagées par les cerfs et les biches dans les terrains qui bordent la forêt ; qu’il serait nécessaire d’établir un grillage sur la limite du territoire communal pour mettre les propriétés à l’abri des dégâts causés par ces animaux. Considérant qu’il est impossible aux propriétaires riverains de la forêt de jouir des terrains qu’ils possèdent ; que la plus grande partie de leurs travaux sont faits en pure perte ; que depuis longtemps déjà cette question de grillage est agitée sans être résolue ; qu’il est impossible aux cultivateurs de se faire rembourser les dégâts causés par le gibier, à l’unanimité approuve le devis dressé par le maire…

Les chiens errants

À la suite de la prolifération des chiens errants et du risque associé de transfert de la rage, le maire fait état d’un arrêté préfectoral édicté en 1868, qui sera mis en application par le garde-champêtre de la commune : Les chiens trouvés sur la voie publique sans maître et sans muselière seront saisis et abattus immédiatement.
Les hannetons

En 1901, le Conseil municipal considérant qu’il importe d’encourager la destruction des hannetons qui causent aux arbres de si grands dégâts, décide d’allouer une prime de 0,40 franc par décalitre de hannetons détruits. Il inscrit au budget additionnel une somme de 40 francs pour payement de cette prime aux destructeurs, qui auront à justifier auprès des garde-champêtres de la quantité de hannetons ramassés.
La même initiative est répétée en 1922, où une contribution est demandée aux cultivateurs, basée sur la destruction anticipée de 270 kg de hannetons. La performance des collecteurs de ces insectes a toutefois largement excédé cet objectif, puisque 700 kg de hannetons sont récoltés ! Le conseil, à l’unanimité, est d’avis de maintenir la prime de destruction promise, à 2 francs par kilogramme d’insectes détruits, et décide que le surcoût sera pris sur le budget primitif de la commune. En 1925, compte-tenu de la grande urgence à détruire les hannetons, le Conseil décide d’ajouter une prime de 0,75 francs par kilogramme à celles payées par l’Office agricole et par le Département.
Les corbeaux

En 1915, le Conseil prie Mr. Le Préfet d’autoriser les garde-champêtres à détruire, à l’aide de fusils, les corbeaux qui sont sur le territoire de la commune.
Les mulots
En novembre 1913, plusieurs membres du Conseil se font l’écho des plaintes des cultivateurs au sujet des dégâts considérables causés par les mulots et par les campagnols aux prairies artificielles principalement, soulignant par ailleurs que le virus déjà employé au printemps n’avait pas donné de résultats satisfaisants. Une demande est alors adressée à Mr. Le Préfet de venir en aide aux cultivateurs et d’allouer une somme suffisante pour l’achat de 100 bouteilles de virus.

1 – Les extraits des registres de délibération communale sont rapportés dans le texte en caractères italiques.