Au centre de la partie ancienne du cimetière de Bourron-Marlotte se trouve un ensemble de monuments, jadis délimités par une chaîne et dont on notait déjà en 1980 qu’ils étaient dans un triste état d’abandon : il s’agit de douze tombes des familles Montgon et Varennes, pour la plupart délabrées et couvertes de mousse et de lichen.

Les Varennes et Montgon à Bourron
La famille Varennes a hérité du château de Bourron en 1726, à la suite d’un mariage avec une descendante des Béringhen, précédents châtelains[1]. La famille Montgon apparaît dans l’histoire de Bourron-Marlotte quand Adélaïde Luce de Varennes se marie avec Jacques François César de Cordebeuf Beauverger de Montgon en 1796. Le château reste propriété de ces familles jusqu’en 1849, date de vente au baron de Brandois[2], et les Varennes-Montgon laissent une image de générosité vis-à-vis du village. Deux d’entre eux ont par ailleurs été maires de Bourron.
Les défunts des familles Varennes et Montgon étaient traditionnellement inhumés dans l’ancien cimetière, au chevet de l’église[3]. Toutefois, en 1854, des travaux d’assainissement ont lieu dans le vieux cimetière entourant l’église et Mr. Le Marquis de Montgon juge convenable de faire exhumer les restes des membres de sa famille qui y reposaient. Sept personnes sont ainsi transférées le 17 juin 1854 dans un carré dédié, toujours bien visible dans le cimetière actuel :
- François Frédéric de Varennes, marquis de Bourron
- Jacques François César de Cordebeuf Beauverger, marquis de Montgon
- Blanche Adélaïde de Montgon
- Adélaïde Delphine de Montgon, ancienne religieuse de St-Cyr
- Balthasar Henry Bernard, comte de Meyronnet
- Marie Henriette Françoise de Louvigny du Puits de Maconex
- Thérèse Marguerite Chazelle, femme de chambre dévouée à la famille.
A ces sept sépultures, cinq autres se sont ajoutées au fil du temps au sein du carré Montgon-Varennes.
L’identification des sépultures
Les Amis de Bourron-Marlotte ont entrepris de remettre en état certaines de ces tombes en très mauvais état et de les identifier. A ce jour, nous avons pu attribuer un nom à sept des pierres tombales, où pour certaines seules quelques lettres sont parfois encore lisibles (en vert sur le croquis ci-contre).

1 – François Frédéric de Varennes de Bourron – Né vers 1728, il était chevalier, lieutenant en la capitainerie de Fontainebleau, lieutenant-colonel des gardes-françaises, maréchal des Camps et armées du Roi, chevalier de Saint-Louis. Il est décédé le 13 novembre 1788 au Château de Bourron. Peut-il avoir été victime de l’épidémie qui sévissait alors : En 1788, le Pourpre (typhoïde) et le Millet (tuberculose) régnèrent épidémiquement à Bourron et firent une soixantaine de victimes[4].
2 – Jacques François César de Cordebeuf Beauverger de Montgon – Né le 13 juin 1756 dans le Gard. Maréchal des camps et armées du roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, du Lys et de St Lazare de Jérusalem, il fut maire de Bourron entre 1806 et 1829. Il est décédé le 3 mars 1829 au château de Bourron.
3 – Blanche Reine Adélaïde de Montgon – Fille de Jacques François César de Cordebeuf née en 1806. Elle meurt avant ses vingt ans à Bourron.
5 – Marie Henriette Françoise de Bouvet de Louvigny – Née en 1770 et décédée en 1836 au château de Bourron.
6 – Barthélémy François Alphonse de Cordebeuf de Beauverger, marquis de Bourron – Né le 1er janvier 1797 à Fontainebleau. Ancien capitaine de cavalerie et seigneur de Bourron ; maire de Bourron de 1829 à 1831, puis de 1846 à 1848. Il fut inhumé le 23 juin 1877 au cimetière de Bourron.
8 – Adélaïde Luce Marie de Varennes de Montgon – Née en 1773. À la Révolution, alors que les sans-culottes pillent le château de Bourron et emmènent la marquise de Bourron à Paris, sa fille cadette, Adélaïde-Luce, est gardée à vue par les habitants du village, moyen détourné de la protéger, elle et le domaine. C’est en fait elle qui reprend possession du château peu après son mariage avec le marquis François César de Cordebeuf Beauverger Montgon, le 8 février 1796. Adélaïde de Varennes est décédée le 11 avril 1859 à Fontainebleau.
10 – Claudine Théophile Berthier – Née en 1803 à Paris et décédée en 1858 à Fontainebleau. Nous n’avons pas trouvé d’information à son sujet. Pourrait-il s’agir d’une femme de chambre appréciée de la famille ?
Les personnes identifiées sont situées en vert sur l’arbre généalogique ci-dessous.

Les tombes numérotées 4, 7, 9, 11 et 12 sont encore à identifier, et notre recherche se poursuit donc …
Dans un effort parallèle, nous nous efforçons également d’améliorer la condition physique des monuments et c’est ainsi que celui de Jacques François César de Cordebeuf Beauverger de Montgon a déjà été nettoyé et a retrouvé sa croix !

[1] Du nouveau sur les Varennes par B. Hauviller – Bulletin des Amis de Bourron-Marlotte n°44, 2002
[2] Les anciens seigneurs et chatelains de Bourron par H. Froment – Bulletin des Amis de Bourron-Marlotte n°8, 1980
[3] Archives paroissiales de Bourron-Marlotte
[4] Archives paroissiales de Bourron-Marlotte – Notes de l’abbé Pougeois