
Henri Zuber, petit-fils du fondateur d’une compagnie de papiers-peints transmises au fil des générations, développera très tôt un intérêt pour le dessin et la peinture. Les voyages au long cours qu’il effectue dans la Marine impériale de Napoléon III lui procurent de nombreuses occasions de pratiquer ses talents de dessinateur et peintre. De retour sur la terre ferme, il entre dans l’atelier du peintre Charles Gleyre, embrassant définitivement la carrière de peintre et d’illustrateur. Il est admis au Salon des artistes français en 1869. La pratique de Zuber est très polyvalente et comprend l’aquarelle, tout comme l’huile, le dessin et le pastel. Il devient célèbre avec ses représentations de paysages et rencontre le grand succès lors de ses expositions annuelles au Salon des artistes français. Quelque peu oublié après sa mort, il est de nouveau apprécié, en particulier grâce aux travaux de l’association des Amis du peintre Henri Zuber.
Une facette de la vie de Zuber présente un intérêt tout particulier pour Bourron-Marlotte, à savoir les séjours qu’il y a effectués entre 1885 et le début des années 1890. Durant les étés de cette période, Il y loua une maison au 21 de la rue Marceau, dont nous aurons l’occasion de reparler dans les mois qui viennent.
Henri Zuber a laissé un certain nombre de croquis, aquarelles et autres représentations de notre village. L’une d’elle, communiquée par les Amis du Peintre Henri Zuber et intitulée « Pins et chênes à Barbizon », fait l’objet de cette courte note. Il s’agit d’une représentation de rochers, si caractéristiques de la forêt de Fontainebleau. Mais ne serait-il pas intéressant de localiser cette scène naturelle et d’imaginer où Henri Zuber aurait pu poser son chevalet ? C’est du moins la question qui nous est venue à l’esprit !

Dans la communauté bellifontaine, nous avons le privilège d’avoir accès à un expert de la forêt, capable d’identifier les masses gréseuses représentées sur des vieilles cartes postales ou sur des dessins comme celui présenté ci-dessus. En effet, Gérard Bayle-Labouré a effectué un grand nombre de telles identifications, qui peuvent être vues ici. En particulier, il a déjà identifié un rocher à notre demande, où la grande pianiste Berthe Marx était allée se promener en famille ! Nous avons donc de nouveau contacté ce magicien de l’identification en forêt de Fontainebleau, pour localiser le tableau de Zuber. Quelle ne fut pas notre surprise quand Gérard Bayle-Labouré nous a apporté une réponse très convaincante, illustrée par la photo qui suit !!

Nul besoin de reformuler sa direction très précise : Il s’agit du Belvédère de Corot qui domine la Gorge aux Loups (Marque L sur le sentier bleu n°11). Henri Zuber s’est installé, non pas le long du sentier bleu qui, dans ce secteur, contourne un petit chaos rocheux par le nord, mais sur le petit raccourci (fermé par une barrière qu’on peut contourner facilement par la gauche) qui conduit directement au belvédère : (Lat : 48.35949°N – Long : 2.71240°E). Le gros bloc de gauche à l’arrière-plan, qui forme une sorte de cube, est reconnaissable à son arête verticale vive. Le bloc de droite est un bloc de forme plus complexe. Sa partie avant est une plaque légèrement inclinée vers la gauche et sa partie arrière forme un sommet légèrement bombé. Deux autres blocs, situés à gauche du tableau, sont également identifiables. Le rocher du premier plan à droite est aujourd’hui enfoui sous un amas de fougères et de feuilles mortes. Les arbres du 19e siècle ont disparu et sont remplacés par de nouveaux qui ombragent le site.
Il est donc maintenant certain que Henri Zuber a représenté cette scène de la forêt de Fontainebleau durant un de ses séjours à Bourron-Marlotte !